Le père Toufic Maatouk est fait Chevalier de l’ordre de l’Étoile d’Italie | Université Antonine | UA

  • Le père Toufic Maatouk est fait Chevalier de l’ordre de l’Étoile d’Italie

    27 mars 2021

    Quiconque connaît le père Toufic Maatouk sait la passion qu’il voue à la musique. Une passion en totale osmose avec sa vocation de prêtre. Une passion si communicative qu’il en est devenu un des meilleurs ambassadeurs au Liban. Ce dévouement, l’Italie a voulu l’en remercier en l’élevant, le 23 mars dernier, au rang de Chevalier de l’ordre de l’Étoile d’Italie. Retour prestissimo sur son parcours…

    Certains traversent la vie sans passion, le père Maatouk pour sa part en a deux : la prêtrise et la musique… à l’instar de Vivaldi ! Ces deux vocations sont si intimement liées qu’il se présente lui-même comme étant totalement prêtre et totalement musicien. « Personnellement, j’ai toujours pensé qu’il y avait un point de lumière entre la foi et la créativité. Comme la foi, la musique est une ascèse. Elle m’a appris la rigueur et la volonté. Ma vie en tant que religieux est une invitation quotidienne au témoignage et j’essaie de rendre ce témoignage dans mon milieu de travail grâce à la musique ».

    C’est donc avec brio que le père Maatouk a dirigé, ces deux dernières décennies, la chorale de l’Université Antonine. Son enthousiasme, son dynamisme et son sérieux ont permis à la chorale fondée en 1978 d’acquérir une belle notoriété outre-mer et de se produire sur des scènes prestigieuses en Europe comme aux États-Unis. Ainsi le maestro est-il devenu, en l’espace de quelques années, une figure incontournable de la musique savante libanaise dans un pays où pourtant la musique classique n’est pas particulièrement mise en valeur. Mais il en faut plus pour décourager le père Maatouk : depuis l’âge de neuf ans, il suit sa passion obstinément avec, comme unique désir, celui de la servir au mieux. Il s’exerce inlassablement, fait ses gammes et ses vocalises, accumule les diplômes et couronne son apprentissage par un doctorat en musicologie du Pontificio Istituto di Musica Sacra (Rome) ; sur place, il dirigera et publiera également plusieurs études sur les chants sacrés syro-maronites.

    Une telle implication découle souvent d’une culture familiale. Mais là encore, le père antonin est atypique. Point de mélomane parmi ses proches… c’est pourtant in utero qu’il connut sa première expérience musicale lorsque sa mère, voulant calmer les coups de pieds de bébé, y recourut instinctivement. Plus tard, il y eut évidemment des rencontres marquantes comme celle avec le père Albert Cherfane, le moine antonin chargé d’enseigner le solfège et la chorale dans son école, ou encore celle avec son maître, feu maestro Joseph Waked, antonin également, qui l’initiera, quelques années après, à la musique savante et lui inculquera des vertus essentielles pour un musicien : le sérieux et la persévérance. Et quand on parle de ses influences notables, est-il possible de passer sous silence celles de Ennio Nicotra et Donato Renzetti, ses deux professeurs de direction d’orchestre et d’opéra italiens ?

    Armé d’un tel bagage, les opportunités prometteuses se sont rapidement présentées à lui. Sans calcul, ni plan de carrière, le père Maatouk les saisira uniquement lorsqu’elles correspondront à sa personnalité ou à ce qu’il aime dans la musique. À partir de 2012, on le voit partout : un jour au Liban, un autre à Rome ou à Los Angeles. Il multiplie les casquettes avec aisance – mais toujours le pas pressé – et sera, tour à tour, directeur artistique du Beirut Chants Festival, chef du département de chant au Conservatoire national supérieur de musique du Liban, chef invité de l’Orchestre de chambre de la radio roumaine, membre de jury dans de prestigieux concours, et collaborera avec des artistes et des ensembles symphoniques de renommée mondiale, pour ne citer que quelques-unes de ses prestations.

    C’est pour rendre hommage à la belle énergie de ce prêtre musicien et pour avoir particulièrement bien mis en valeur le patrimoine musical de la péninsule que le pays de Mozart et Rossini l’a élevé au rang de Chevalier de l’Ordre de l’Étoile d’Italie. Pourquoi cet attachement spécial à l’Italie et à ses compositeurs ?, certains se demanderont peut-être… Les premiers mots de son discours de remerciement suffisent à l’expliquer : « Chère Italie, vous êtes la vraie protagoniste de cette soirée. C’est à vous que je dois la grande passion que je porte à la musique… une passion qui a profondément marqué ma vie » avant d’enchaîner sur ce que l’Italie représente pour lui : « L’Italie est plus qu’un pays, c’est une terre où l’art, l’histoire, la culture et la musique s’entremêlent dans une union naturelle qui continue de marquer le patrimoine de l’humanité et qui est une source d’inspiration pour beaucoup »… dont le père Maatouk, évidemment !